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L'Europe politique, une idée neuve
L'Europe politique serait-elle une idée neuve ? Traditionnellement, et une fois scellée la réconciliation de l’après-guerre, le projet politique européen s’était identifié avec l’édification d’une Europe acteur global, capable d’agir à l’unisson et de façonner le système international à partir de son énorme puissance économique et financière. Finalité de long terme, nourrie de l’ambition d’une politique étrangère et de défense commune, cette vision s’opposait à l’alternative d’une Europe essentiellement marchande, grande zone de libre-échange sur laquelle continueraient de prospérer les puissances nationales et la primauté du lien transatlantique. La tension entre ces deux projets ne fut jamais résolue, même si la Constitution européenne comme la stratégie européenne de sécurité postulent toutes deux la nécessité pour l’Union d’un rôle international majeur.
Depuis quelques années, cette ambition d’une Europe politique semblait remise en cause par une série de développements intérieurs ou externes à l’Union. Bien avant de devenir effectif, l’élargissement à 25 fut d’une part considéré dans certains cercles comme sonnant le glas définitif de l’approfondissement politique de l’Union. Le facteur américain intervint d’autre part, en 2003, comme un élément majeur de division politique des Etats membres, semblant reléguer aux calendes grecques l’idée d’une influence collective de l’Union sur les grandes questions de sécurité internationale. Enfin, la question turque, relayée depuis peu par celle de l’Ukraine, a réouvert le débat sur la finalité politique ultime de la construction européenne.