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Nécessité et difficultés d’une coopération de sécurité et de défense : entre l’Europe et l’Amérique latine
Dans un monde de plus en plus interdépendant, aucun Etat (ou groupement d’Etats), aussi puissant soit-il, ne peut affronter seul les menaces à sa sécurité. D’autant que la perception et la définition mêmes de ce qu’est un défi sécuritaire tendent à s’élargir – à bon ou à mauvais escient – pour englober des thèmes aussi éloignés des conceptions classiques de sécurité internationale que le bon fonctionnement de l’économie globale, le prix des denrées alimentaires, la faim, les migrations, les mouvements sociaux ou même le changement climatique. Avec l’apparition et la montée en puissance d’acteurs non étatiques ayant d’importantes capacités de nuisance et parfois même des moyens de mener des actions violentes avec un impact stratégique (des organisations criminelles transnationales aux groupes de type Al-Qaida), la frontière conceptuelle entre actions militaires et policières s’estompe. Par ailleurs, l’instantanéité et l’ubiquité des réseaux d’information qui créent et renforcent en permanence une opinion publique mondiale ne permettent plus de rester passif face à des violences, voire des massacres intra-étatiques, à des violations massives des droits de l’homme ou à des catastrophes humanitaires. Parallèlement, la communauté internationale doit également affronter des risques plus traditionnels, comme la prolifération d’armes de destruction massive, le danger de guerres entre Etats dans des régions stratégiques, l’accès aux ressources énergétiques ou les missions de maintien de la paix et de reconstruction d’Etats en faillite.
Toutes ces inquiétudes nourrissent une incertitude croissante concernant les missions des forces de sécurité (forces armées et police) et leurs prérogatives et champs d’action divers. Mais l’ampleur même des problèmes à résoudre encourage la coopération et l’établissement de partenariats entre Etats et régions. Une coopération d’autant plus nécessaire qu’il ne s’agit pas seulement d’attester le besoin de se doter d’instruments collectifs plus efficaces pour affronter les menaces, mais surtout de tenter de comprendre – et, si possible, d’harmoniser – les différentes perceptions et conceptions de la sécurité et de la défense (S&D). Rien ne sert d’affirmer la volonté et l’utilité d’une coopération dans ce domaine si l’on n’est pas capable de construire un accord sur une vision des défis à affronter, la manière et les outils pour ce faire (politiques, diplomatiques, économiques, militaires ou policiers), le cadre institutionnel d’un partenariat, les règles de droit international qui légitiment les actions communes et l’usage éventuel de la force, la conduite à suivre vis-à-vis de partenaires tiers.