Fermer Yalta

Lorsque les mondes figés de la Guerre froide et de la Détente se sont effondrés pour donner naissance à une nouvelle Europe, s’est posée la question de savoir quelle relation allaient bien pouvoir entretenir les deux puissances contraintes désormais de se partager pacifiquement un continent : l’Union européenne et la Russie. Avec les vagues d’indépendance et l’éclatement de l’ex-URSS en décembre 1991, il a semblé possible de forger une relation débarrassée de la pesanteur et de la méfiance de toujours et de s’engager dans une véritable coopération. Entre les deux nouveaux ensembles que sont la Fédération de Russie et l’Union européenne, tout est à définir, tout est à inventer. Après quinze années de tâtonnements, d’ambiguïtés, d’une lente émergence d’un nouveau mode de relations, il semble qu’aujourd’hui, le moment soit venu de clari-fier et d’approfondir ces liens. Le moment en somme d’en finir avec Yalta. Telle est la problématique explorée dans ce Cahier de Chaillot, écrit par Salomé Zourabichvili, ancienne diplomate française et ministre géorgienne des affaires étrangères, spécialiste de la Russie et des questions européennes.