You are here
Afghanistan : la difficile reconstruction d'un Etat
L'intervention militaire en Afghanistan d'octobre 2001 a été déterminée uniquement par les attentats du 11 septembre. Mais, pour éviter que l'Afghanistan ne redevienne un sanctuaire, un Etat central stable doit être remis en place. L'Etat ne peut se reconstruire qu'à partir de la culture politique afghane : il faut pour cela inscrire les réformes dans un cadre idéologiquement légitime (nationalisme, islam), tout en s'adaptant à l'anthropologie politique de l'Afghanistan, où notables et groupes de solidarité locaux jouent un rôle plus important que les grandes tribus ou les ethnies. Si la guerre a accentué la polarisation ethnique, il n'y a cependant pas en Afghanistan de clivage ethnique déterminant. Le président Karzaï a réussi à marginaliser les grands seigneurs de guerre dans une politique d'extension en douceur de l'appareil d'Etat. La drogue est en fait aujourd'hui le principal risque de déstabilisation du pays. La stabilité de l'Afghanistan est néanmoins intimement liée à celle de la région. Or les deux pays voisins qui ont le plus de moyens de peser en Afghanistan (Pakistan et Iran) sont en soi des éléments de déstabilisation et non de stabilisation : c'est la forte présence internationale en Afghanistan qui limite leur capacité de nuisance. Cependant, dans la perspective d'une réduction de la présence américaine, l'Europe doit se préparer à une présence de long terme, en tentant d'ajuster l'aide humanitaire, une sécurisation discrète et une guerre ouverte contre les Taliban.